Source - Jean Claude Duvalier en 1971 à son accession au pouvoir à Haïti. Il avait 19 ans.
Il y a longtemps qu'il y pensait. Tous les jours depuis 25 ans en vérité, depuis ce funeste 7 février 1986 ou la populace enragée d'Haïti l'avait jeté dehors comme un chien galeux.
Mais quand l'an passé la terre avait commencé à faire trembler son île natale le projet s'était fait plus précis.
Il avait vécu le séisme ravageant son pays comme une bénédiction. Tous ces morts, toutes ces destructions, quelle aubaine.
Il avait senti qu'il y avait là quelque chose à faire, que le destin l'appelait et lui entrouvrait une petite fenêtre.
Dans le chaos ou son pays était plongé le peuple allait être prêt à accepter n'importe qui pouvant lui offrir un peu d'espoir.
A regarder cette désolation qui régnait partout il n'allait pas se montrer difficile sur le CV des prétendants.
Il s'était pris à rêver un peu, se voyant bien en messie. Mais surtout en président. Ne l'était-il pas à vie après tout ?
Il observait avec attention la situation depuis un an. Moins ça allait et plus son rêve se gonflait d'espoir.
La faim, la misère, la violence, le désespoir, le désarroi, la corruption, l'inorganisation politique étaient comme des plaies purulentes dont il suivait chaque jour le pourrisssement croissant.
Avec l'apparition du choléra tous les doutes qui subsistaient encore avaient disparu de son esprit. Le temps de Baby Doc était revenu.
Eh bien voilà c'est fait .
Regardez le s'agenouiller sur le tarmac et baiser le sol de sa chère patrie.
Je suis venu pour vous aider a t-il déclaré.
Séquence émotion.
Moi j'au rais bien vu un tireur embusqué à proximité pour lui coller une balle dans la tête.
Mais le diable protège les salopards c'est bien connu.
Je ne suis pas un sanglant mais la nouvelle d'un Duvalier dessoudé à son arrivée à l'aéroport ne m'aurait pas chagriné.
Il aurait aussi pu glisser du haut de la passerelle de l'avion et venir décéder discrétement quelques marches plus bas, la nuque rompue et le crâne fendu en deux comme une noix de coco.
Mais rien de tout cela n'est arrivé .... ou pas encore.
Ceci étant il n'est pas encore au pouvoir ... Mais comme dit Gilren dans son dernier billet évoquant également le retour de Duvalier à Haïti les dictateurs ça s'en va et ça revient ...
Tableau : “Two headed monster Tonton Macoute” de John Buckley